Lors de ce CAPLAC, pour la première fois, les peuples autochtones d’Amérique latine et des Caraïbes sont membres de l’UICN, et ils ont eu l’occasion de dialoguer formellement avec l’UICN lors de ce Congrès. Depuis votre position de représentant des forêts au niveau mésoaméricain, quelles sont les priorités des peuples autochtones pour ce CAPLAC ?
La priorité est plus qu’une exigence, c’est le respect des résolutions adoptées lors des différents congrès de l’UICN : Durban, Barcelone, deuxième Congrès latino-américain à Bariloche, où les droits des peuples autochtones sur leurs territoires et leurs ressources naturelles ont été réaffirmés. Ce que nous exigeons, c’est que ces accords, ces résolutions, soient appliqués dans chacun des pays et ne soient pas seulement une résolution de plus.
Pour la première fois lors d’un congrès de l’UICN, les Organisations des peuples autochtones sont membres et pourront participer au processus de vote. Quelle contribution souhaitez-vous des Organisations des peuples autochtones aux résolutions du Congrès 2020 de l’UICN ? Quelles décisions souhaiteriez-vous voir prendre à la suite de ce Congrès en ce qui concerne les peuples autochtones ?
Je crois qu’ici, dans le cadre du III Congrès des aires protégées d’Amérique latine, nous avons eu une session de dialogue entre Organisations des peuples autochtones et UICN. Le Congrès de Hawai’i, par exemple, a adopté la question de la révision de la catégorie du système des peuples autochtones sur la conservation. Je pense donc que ceci est la demande la plus essentielle. Ensuite, je pense que c’est la question du soutien aux plans d’action qui doivent être en place en parallèle des mesures prises. Nous pensons que ce qui est réellement en cours au sein de l’UICN, c’est l’adhésion, le groupe d’adhésion créé au Congrès d’Hawai’i pour les peuples autochtones. Je pense que c’est l’une des contributions et que nous nous impliquons, et je pense que d’ici au Congrès, il y aura beaucoup d’organisations et de peuples autochtones qui demanderont à être membres de l’UICN.
Pouvez-vous donner un exemple de certaines pratiques traditionnelles sur votre territoire qui contribuent à la conservation ?
Nous, les autochtones, ne sommes pas des défenseurs de l’environnement. Nous devons trouver un juste milieu, car nous utilisons les ressources naturelles tout en les préservant. Un exemple est le cas de la pêche à la langouste. Sur mon territoire, aucune plongée avec des bouteilles d’oxygène n’est autorisée. Toute pêche, qu’il s’agisse de poisson, de langoustes ou de crustacés, doit se faire en apnée. Pour nous, il s’agit d’un moyen de contrôler et de contribuer à la conservation. Parce qu’il existe beaucoup d’endroits où ces ressources sont surexploitées. Pourquoi ? Quand vous utilisez des bouteilles, vous avez beaucoup plus de temps pour pêcher. Donc, ceci est un exemple de comment nous contribuons à la conservation.
À partir de 2020, des événements stratégiques auront lieu, en termes de politiques. Il s’agit notamment du Congrès de l’UICN et des discussions de la Conférence des Parties (CDP) à la Convention sur la diversité biologique (CDB). Qu’aimeriez-vous apporter à ces discussions, en tant que leader des Organisations des peuples autochtones, sur les questions de conservation de la nature ?
Je crois que d’ici 2020, nous aurons terminé ce que je peux appeler la phase des discours, la phase des accords, et qu’après 2020, nous devrons passer à des actions concrètes et rassembler tout ce que les peuples autochtones font pour le bien-être de la conservation, et contribuer et encourager ces peuples autochtones. Ainsi, nous pourrons également voir comment nous, organisations de conservation et UICN, dont nous sommes membres, pouvons vraiment mettre en commun nos efforts. Je crois que d’ici 2020, nous devons établir un véritable mécanisme que nous intégrons tous et, ensemble, travailler dans une même direction, celle de la conservation et des générations futures. Parce que si toutes les ressources sont épuisées, les générations futures n’auront pas la possibilité de profiter de ce que nous avons apprécié.
Si vous aviez un message pour le monde au sujet des peuples autochtones et la conservation, quel serait-il ?
Les territoires des peuples autochtones contribuent à la conservation de la biodiversité et de ses ressources.
A propos de l'auteur
Onel Masardule est Directeur exécutif de la Fondation pour la promotion des connaissances autochtones (FPCI), qui est également membre de l’IUCN. Le peuple autochtone d’Onel est le peuple Guna du Panama.