Avec un patrimoine naturel aussi remarquable et diversifié, la responsabilité internationale majeure de la France dans la lutte contre l’érosion de la biodiversité est avérée. Pour répondre à ces enjeux forts, le pays mène des actions pour susciter une mobilisation nationale et internationale en faveur de la biodiversité de l’ensemble des acteurs.
« Le Congrès mondial pour la nature de l’UICN est une étape fondamentale pour que la COP15 soit à la biodiversité ce que la COP21 a été au climat : un moment fondateur de la mobilisation internationale pour la biodiversité. L’engagement des collectivités, des acteurs locaux, des entreprises et des citoyens est essentiel pour faire de Marseille en 2021 la capitale mondiale de la biodiversité. »
Bérangère Abba, secrétaire d'Etat chargée de la Biodiversité, réunion du Comité local de pilotage pour l'organisation du Congrès de l'UICN, 12 février 2021, préfecture de Marseille.
A l’international
Afin de rappeler l’importance et le haut niveau d’ambition qu’elle attache aux questions de climat et de biodiversité dans sa diplomatie environnementale, la France mène diverses actions, notamment :
- Accueil du 29 avril au 4 mai 2019, de la 7ème session plénière de la Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) à Paris. A son issue, la première « évaluation mondiale de l’état de la nature et des biens et services qu’elle fournit à l’humanité » a été adoptée. Ce rapport sur l’état mondial de la biodiversité dresse un constat alarmant de la situation de notre planète, en affirmant notamment que « la santé des écosystèmes dont nous dépendons, ainsi que toutes les autres espèces, se dégrade plus vite que jamais. »
- Accueil les 5 et 6 mai 2019, du G7 Environnement à Metz. A son issue, la « Charte de Metz sur la biodiversité » a été adoptée. Cette charte, dont le rapport de l’IPBES constitue le socle scientifique, doit permettre d’élever les enjeux liés à la biodiversité au même niveau que ceux du climat. Engageant ses signataires à lutter contre l’érosion de la biodiversité au travers d’actions concrètes, la « Charte de Metz sur la biodiversité » s’articule autour de trois axes principaux :
- Accélérer les efforts pour lutter contre l’érosion de la biodiversité
- Encourager la participation d’autres acteurs et parties prenantes
- Appuyer l’élaboration et la mise en œuvre d’un cadre mondial de la biodiversité pour l’après 2020
- Assumant la présidence du G7 à partir du 1er janvier 2019, la France accueillait du 24 au 26 août 2019 le sommet du G7 à Biarritz. Faisant de la lutte contre les inégalités et les conséquences du réchauffement climatique sa priorité, cet évènement écoresponsable a notamment été marqué par la ratification de la Charte de la biodiversité, ou encore le déblocage d’une somme de 20 millions de dollars pour lutte contre les incendies en Amazonie.
- Participation de la France à la 74ème session ordinaire de l’Assemblée générale des Nations Unies, le plus grand événement multilatéral au monde. A l’occasion du sommet sur les objectifs de développement durable qui s’est tenu les 24 et 25 septembre 2020, les dirigeants du monde ont présenté des plans d’action ambitieux sur les 10 prochaines années, afin d’atteindre les objectifs de développement durable de l’Agenda 2030. C’est dans ce cadre que le président de la République, Emmanuel Macron, a évoqué, dans la lignée des initiatives portées lors du G7 Biarritz, les enjeux de la protection du climat et de la biodiversité, lors de son discours à la tribune des Nation Unies.
- Le 11 janvier 2021, la quatrième édition du One Planet Summit s'est tenue à Paris. Pour cette édition entièrement consacrée à la biodiversité, des décideurs du monde entier étaient réunis pour accélérer l'action internationale en faveur de la nature. Des avancées majeures ont ainsi été décidées comme la protection de 30 % des espaces marins et terrestres d'ici 2030 ou un investissement de 14 milliards de dollars pour verdir le Sahel. A l'issue de cette réunion, Emmanuel Macron, Président de la République française, a réitéré sa détermination à suivre l’ensemble de ces engagements et a ainsi fixé comme prochain point d’étape le congrès mondial pour la Nature de l’UICN, qui se tiendra à Marseille du 3 au 11 septembre 2021.
Au niveau national
Avec 68% des habitats menacés au niveau européen présents en métropole, la France met en place des politiques nationales qui visent d’une part, à la protection des espèces et des espaces naturels présents sur le territoire, et d’autre part, à instaurer une transition vers des modes de production et de consommation plus respectueux de notre environnement.
Parmi les grandes politiques publiques mises en œuvre pour la préservation de la biodiversité en France nous pouvons citer :
- 1961 : première réserve naturelle française et loi sur les parcs nationaux. En 2019, les aires protégées (tous statuts confondus) couvrent 21% des terres et 22% des eaux françaises.
- 1976 : première loi sur la protection de la nature.
- 1982 : initiation de l’inventaire des zones naturelles d’intérêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF). En avril 2018, 55 % des ZNIEFF bénéficient d’un statut de protection ou de gestion favorable à la conservation du patrimoine naturel.
- 1985 : la loi « montagne » établit un équilibre entre le développement et la protection des territoires de montagne.
- 1986 : la loi « littoral » encadre l'aménagement de la côte pour concilier développement économique et protection du patrimoine naturel et des paysages du littoral.
- 1992 : instauration du réseau Natura 2000 par une directive européenne.
- 1993 : loi sur la protection et la mise en valeur des paysages.
- Depuis 1996 : mise en œuvre des plans nationaux d’action en faveur des espèces menacées.
- 2000 : instauration du Schéma de cohérence territoriale (SCOT). Le SCOT est un document d’urbanisme stratégique qui détermine, à l’échelle de plusieurs communes ou groupements de communes, un projet de territoire visant à mettre en cohérence l’ensemble des politiques en matière d’urbanisme, d’habitat, de déplacements et d’équipements commerciaux, dans un environnement préservé et valorisé.
- 2004 : Lancement de la première Stratégie nationale pour la biodiversité qui concrétise l’engagement français au titre de la convention sur la diversité biologique de l’Organisation des Nations unies. En 2021, la France élabore sa troisième stratégie pour la biodiversité, qui doit fixer le cap pour les 10 prochaines années.
- 2007 : création de la trame bleue et verte dans le droit français avec la loi « Grenelle 1 ».
- 2010 : la loi dite « Grenelle 2 », fixe comme objectif de préserver 2 % de la superficie terrestre du territoire métropolitain à l’horizon 2019, en développant un réseau d’aires sous protection forte.
- 2011 : adoption de la stratégie nationale pour la biodiversité jusqu’en 2020.
- 2015 : 2,1 milliards d’euros étaient consacrés à la préservation de la biodiversité.
- 2016 : loi pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages. Objectif de réduire à zéro la perte nette de biodiversité et création de l’Agence française pour la biodiversité, qui accompagne les acteurs de la biodiversité et l’aménagement du territoire.
- 2017 : élaboration de la stratégie nationale pour la mer et le littoral.
- 2018 : lancement du plan national de réduction des produits phytosanitaires « Ecophyto 2+ ». Adoption du Plan biodiversité. Structuré en 5 enjeux principaux, 24 objectifs et 90 actions, il aborde la lutte pour la préservation et la restauration de la biodiversité dans sa globalité. Il vise à atteindre l’objectif de zéro perte nette de biodiversité (inscrit dans la loi de 2016) Lancement de la Stratégie nationale de lutte contre la déforestation importée. Elle a pour but de mettre fin d’ici 2030 à la déforestation causée par les importations françaises de produits forestiers ou agricoles non durables. Elle cible notamment le soja, l’huile de palme, le bœuf et ses produits transformés, le cacao, l’hévéa, ainsi que le bois et ses produits dérivés.
- 2021 : En janvier, la France s’est dotée pour la première fois d’une Stratégie nationale pour les aires protégées situées en mer comme sur terre, dans les outre-mer comme en métropole. L’objectif est de protéger, dès 2022, 30% du territoire national et des espaces maritimes, dont un tiers sous protection forte.
A l’évidence, les enjeux sont forts, et la France aspire à susciter une mobilisation tant au niveau national qu'à l'international pour la protection, la préservation et la restauration de la biodiversité.
Au niveau national, la France a la volonté d'entrainer avec elle un mouvement d'ensemble du grand public et de la société civile, des collectivités territoriales, mais aussi de tous les acteurs économiques comme les entreprises afin de les associer étroitement à la préparation, l'organisation et la tenue du Congrès de l’UICN.
Plus globalement, après l’accueil en 2019 de la 7e plénière de l’IPBES à Paris, du G7 Environnement à Metz et du G7 des chefs d’Etat et de gouvernement à Biarritz, l’organisation du 7ème Congrès mondial de la nature de l'UICN sur son territoire offre à la France l’opportunité d’inscrire la biodiversité dans une stratégie nationale et mondiale au même titre que le climat. Ce Congrès constituera une étape clé dans le processus conduisant à la construction du futur cadre mondial pour la biodiversité qui s’achèvera en Chine en mai 2021 avec la Conférence des parties de la Convention pour la diversité biologique (COP15).