116 - Renforcer les capacités de Madagascar de contrer la menace que représentent les espèces envahissantes
116 - Renforcer les capacités de Madagascar de contrer la menace que représentent les espèces envahissantes
RAPPELANT la Recommandation 5.151 Préserver le patrimoine naturel unique et gravement menacé de Madagascar (Jeju, 2012) ;
SOULIGNANT que l'extraordinaire concentration d'espèces animales et végétales endémiques à Madagascar fait de ce pays une priorité mondiale en termes de conservation ;
RECONNAISSANT pour les immenses efforts déployés par le Gouvernement de Madagascar et les organisations non gouvernementales pour conserver la biodiversité du pays malgré des ressources limitées ;
ALARMÉ par le fait que les espèces exotiques envahissantes (EEE) constituent une menace majeure et grandissante pour la biodiversité de Madagascar ;
NOTANT qu'au nombre des EEE préoccupantes on peut citer le moineau domestique (Passer domesticus) et le crapaud masqué (Duttaphrynus melanostictus) qui, en 1975 et vers 2010 respectivement, ont tous deux été introduits accidentellement à Toamasina, Madagascar, et qui affichent aujourd’hui une population de plus de sept millions d’individus ;
CRAIGNANT que l'éradication de ces deux espèces ne soit probablement pas possible en raison de contraintes techniques et/ou économiques, et que les méthodes de contrôle ou d'atténuation visant à réduire les impacts environnementaux et économiques soient coûteuses et qu'elles doivent être appliquées à perpétuité ;
RECONNAISSANT que ces coûts mettent à mal les ressources financières limitées de Madagascar ;
NOTANT que ces coûts auraient pu être évités par des mesures préventives appropriées et grâce à une action rapide qui auraient permis de supprimer ces EEE juste après leur arrivée dans le pays ;
ENCOURAGÉ de constater que des mesures décisives sont prises pour lutter contre le crapaud masqué et pour éradiquer le corbeau familier (Corvus splendens), une espèce envahissante, de Madagascar ;
PRENANT ACTE de la législation et des procédures en vigueur à Madagascar sur les plans phytosanitaire, vétérinaire, de la santé humaine et du commerce international qui visent à réduire l'importation d'espèces d'animaux non indigènes, les maladies animales et humaines et les ravageurs des cultures ;
NOTANT que les liens croissants de Madagascar avec ses partenaires commerciaux internationaux, ainsi que ses capacités et sa biosécurité limitées vont rendre l'île plus vulnérable aux EEE ; et
RAPPELANT que la Résolution 5.021 Appliquer les dispositions sur les espèces exotiques envahissantes du Plan stratégique pour la diversité biologique 2011-2020 (Jeju, 2012) appelait à l'élaboration de programmes nationaux solides pour contrer les menaces croissantes que les EEE font peser sur la biodiversité et les moyens d'existence des populations ;
1. DEMANDE que :
a. le Centre du droit de l'environnement et la Commission mondiale du droit de l'environnement (CMDE) de l'UICN aident le Gouvernement malgache à consolider la législation existante pour mieux protéger Madagascar contre les EEE ;
b. la Commission de la sauvegarde des espèces (CSE) et d'autres experts fournissent des données et des conseils essentiels aux principaux décideurs sur les EEE (actuelles et potentielles) à traiter en priorité à Madagascar, les voies d'introduction et les sites sensibles ou vulnérables, afin d'éclairer les politiques et les procédures ; et
c. la CSE et les donateurs aident à lever des fonds pour renforcer les capacités à Madagascar d’élaborer et de mettre en œuvre un programme à l'échelle du pays pour lutter contre les EEE.
2. PRIE le Gouvernement malgache d'établir un programme à l'échelle nationale pour contrer la menace croissante que représentent les EEE, comprenant les éléments suivants déjà suggérés :
a. un organisme gouvernemental chef de file (organisme chef de file) spécifiquement chargé et habilité par la loi à s'attaquer aux problèmes des espèces envahissantes et de la biosécurité ;
b. l'amélioration de la législation en vigueur afin de réglementer l'importation (accidentelle et intentionnelle) de EEE à Madagascar, dotée d’un cadre pour la gestion des EEE, comprenant, si possible, son contrôle et son éradication ;
c. un comité national intersectoriel des espèces envahissantes composé de membres du gouvernement, du secteur privé et d'organisations non gouvernementales ayant pour tâche d’appuyer l'organisme chef de file ;
d. un réseau national de signalement des espèces envahissantes et d'apprentissage sur ce sujet, relié à des réseaux régionaux tels que le réseau de l'Océan indien occidental sur les espèces envahissantes (WIONIS) ;
e. une base de données nationale sur les EEE à Madagascar ;
f. une stratégie nationale sur les espèces envahissantes, dotée d'objectifs clairs ; et
g. une capacité de réaction rapide au sein de l'organisme chef de file afin de mettre en œuvre des mesures visant à éliminer sans délai les espèces envahissantes nouvellement détectées.