Si les communautés Waorani, et plus généralement celles habitant le bassin amazonien, dépendent des services écosystémiques fournis par ce biome et son énorme richesse biologique pour leur propre survie culturelle et matérielle, les divers besoins créés par le monde occidental poussent progressivement ces habitants à adopter des modèles socioéconomiques favorisant une profonde inégalité sociale et, dans de nombreux cas, une détérioration environnementale importante. Dans le même temps, la contribution extrêmement importante que les territoires autochtones apportent à la stabilité climatique mondiale est reconnue à l’échelle internationale.
Dans ce contexte, les actions visant à développer les capacités organisationnelles et de gouvernance territoriale des habitants du bassin amazonien, à atténuer les pressions sur les forêts et à générer de nouvelles sources de revenus durables sont vitales pour la conservation et la gestion durable du biome, ainsi que pour le maintien de sa culture.
C’est ainsi que la Fondation EcoCiencia met en œuvre diverses initiatives de conservation et de développement sur le territoire Waorani, en commençant par un processus de sensibilisation de ces populations et de leurs dirigeant(e)s à l’égard de leur territoire et de ses ressources au moyen de mécanismes et d’outils innovants et hautement participatifs. Ces initiatives stimulent ainsi l’exercice de la gouvernance à tous les niveaux et la préservation du patrimoine matériel et immatériel waorani afin d’assurer sa disponibilité pour les générations futures. De plus, et en complément des activités quotidiennes des Waorani, un certain nombre d’alternatives socioéconomiques ont été développées afin de générer des revenus pour les familles Waorani.
Ces actions ont été priorisées dans le cadre d’une vaste négociation socioculturelle. Des modèles de travail et de coopération ont été établis pour construire de manière participative des solutions pour la gestion durable de la biodiversité, générant des activités économiques qui dynamisent les économies locales des familles Waorani.
Ainsi, un programme d’agroforesterie durable mis en place à partir de la chaîne de valeur du cacao waorani a permis de réhabiliter des zones précédemment déboisées et a encouragé la souveraineté alimentaire grâce à une diversification des exploitations, une gestion durable du bambou axée sur l’amélioration et l’innovation dans l’artisanat et, comme troisième alternative, l’utilisation durable de l’ail sauvage, une espèce amazonienne ayant contribué à la lutte contre la COVID-19 au sein de ces populations. Les produits issus de ces chaînes productives, qui se distinguent par leur forte valeur ajoutée, ont été conçus comme des options durables pour que ces communautés puissent répondre à leurs propres besoins économiques, de plus en plus pressants.
Il convient de noter que tout au long de ce processus, les femmes et les communautés ont apporté une grande contribution, grâce à leur implication et à leur intérêt constants. Il a donc été possible de créer des capacités locales. Une preuve de ceci est qu’il existe aujourd’hui une équipe technique waorani constamment à la tête de différents processus sur le territoire, et soutenant ses pairs grâce aux connaissances et techniques apprises pour améliorer la gestion et l’utilisation des ressources.
Le chocolat Wao, l’un des produits obtenus dans le cadre de ce projet, a permis à cette expérience de conservation et de développement durable dirigée par des femmes autochtones amazoniennes d’inspirer et de démontrer qu’il existe d’autres alternatives de développement, plus complètes et respectueuses de l’environnement.
à propos des auteurs
Ana María Acosta Communicatrice sociale et journaliste avec plus de quinze ans d’expérience dans les ONG et les organisations internationales en Colombie et en Équateur. Elle s’est spécialisée dans les aspects de communication stratégique, marketing social et journalisme institutionnel. Au sein de l’équipe EcoCiencia, elle développe des stratégies de communication et des contributions de communication pour des projets et des programmes, tant nationaux qu’internationaux, ainsi que des plans et stratégies de communication institutionnels.
Elizabeth Riofrío Coordinatrice des questions de bio-commerce dans le contexte du tourisme durable. Son expérience de travail couvre divers domaines et fonctions allant de l’assistance administrative, à l’assistance académique, la recherche archéologique et l’interprétation environnementale. Elle est spécialiste en diffusion de l’information et consultante en stratégies de communication pour des projets de conservation de l’environnement.
La Fondation EcoCiencia est une entité scientifique équatorienne, privée et à but non lucratif, fondée dans le but de générer des informations de qualité pour une meilleure prise de décisions en matière de conservation de la biodiversité et de bien-être des populations, grâce à des alliances avec les gouvernements locaux, les municipalités, les conseils provinciaux, les ONG locales et internationales et les organisations locales et communautaires.
