Les rapports mondiaux les plus récents sur l’état des financements liés à la nature mettent en évidence les défis et opportunités extraordinaires en matière d’investissements dans le capital naturel. Le PNUE a notamment montré que les financements privés, pour les SfN uniquement, s’élèvent à 18 milliards de dollars par an. Cela inclut les compensations de biodiversité, les chaînes d’approvisionnement durables, les investissements à impact de capital-investissement et des montants plus faibles provenant de fondations philanthropiques et privées. Ainsi, le volume total des financements investis dans la nature est considérablement inférieur à celui des financements climatiques actuels. En outre, les membres de la CPIC, une coalition visant à stimuler les investissements privés dans la conservation lancée lors du dernier Congrès mondial de la conservation à Hawaii en 2016, ont identifié les principaux obstacles à une augmentation des financements privés pour la nature, y compris un manque de projets attrayants pour les investisseurs.
Nature+, un fonds d’accélération de financements mixtes, a été conçu pour relever ce défi en développant un portefeuille d’investissements à fort impact et favorables à la nature. Le fonds investira dans un maximum de 50 à 70 projets d’investissement émergeants et présentant un potentiel de croissance pouvant atteindre jusqu’à 200 millions de dollars en 10 ans. Le fonds est né de la collaboration d’acteurs publics et privés dans le cadre de l’Initiative de financement de la conservation. Cette initiative a été lancée par la CPIC et l’UICN en collaboration avec Mirova, l’un des premiers acteurs dans le domaine des investissements dans le capital naturel et qui a conçu la structure de financement mixte et développé les critères initiaux du pipeline et des investissements, et soutenue par le FEM, le plus grand fonds multilatéral pour l’environnement.
Nature+ catalysera les marchés environnementaux. L’initiative visera non seulement à étendre les projets de carbone forestier existants, mais également à piloter de nouvelles méthodologies émergentes, telles que le carbone bleu ou le biochar et autres types de PSE comme la conservation de la biodiversité, l’eau ou les crédits plastiques, pour n’en citer que quelques-uns. Le fonds a une vaste portée, couvrant à la fois les écosystèmes terrestres et marins, et alloue des financements à des solutions technologiques novatrices et prometteuses. Le fonds est conçu pour tester de nouveaux outils et méthodologies innovants, tels que l’outil STAR de l’UICN, et pour piloter de nouvelles normes, telles que la Norme mondiale de l’UICN pour les SfN. Les investisseurs du fonds seront bien placés pour établir des rapports selon les règlements / règles à venir dans le cadre du Groupe de travail sur la divulgation financière liée à la nature (TNFD, selon ses sigles en anglais).
La voie la plus prometteuse pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris, tout en enrayant et en inversant la perte de biodiversité, est de passer d’activités d’investissement et d’actifs naturels négatifs à des activités et actifs positifs pour la nature au moyen de Solutions fondées sur la nature (SfN). Les gouvernements adopteront également un nouveau cadre mondial pour la biodiversité afin d’orienter les actions de protection et de restauration de la biodiversité à l’échelle mondiale pour les dix prochaines années. Compte tenu de cette dynamique mondiale, le moment est venu de faire participer la communauté des investisseurs afin de veiller à ce que l’environnement soit fermement positionné dans leurs approches en matière de gouvernance environnementale et sociale (GES), avec des mesures fiables et un impact mesurable, qui font actuellement défaut. La mission du Fonds d’accélération Nature+ est de travailler à cette frontière innovante en catalysant plus avant les marchés environnementaux naissants et en créant un pipeline évolutif de projets positifs pour la nature afin que, en bout de compte, les capitaux privés dont nous avons tant besoin puissent circuler.
Le Congrès mondial de la nature de l’UICN, à Marseille, sera une excellente occasion pour les Membres de l’UICN de s’engager avec les solutions de financement mixte de pointe et innovantes pour la nature, en particulier Nature+, dans les pavillons de l’UICN et lors de divers événements. Nous prévoyons d’échanger et de profiter de l’apprentissage commun pour renforcer le rôle de l’Union dans le déblocage de financements privés pour la conservation à l’avenir, tout en portant les leçons de Marseille à Kunming, puis à Glasgow cette année.
A propos de l'auteur
Edit Kiss est directrice de l’investissement et du développement chez Mirova Natural Capital. Depuis son lancement en 2013, Edit gère le Fonds pour le climat Althelia, de 100 millions d’euros, premier fonds pionnier de Mirova Natural Capital pour la conservation du climat et de la nature. En outre, elle est responsable de superviser la stratégie de monétisation du portefeuille carbone par le biais d’Ecosphere+, la filiale marketing d’ACF, ainsi que de mettre en place de nouvelles activités de développement et partenariats avec les donateurs et clients stratégiques sur la plateforme Mirova Natural Capital. Elle copréside également le groupe de travail sur les solutions climatiques naturelles de l’IETA.
Edit possède plus de 15 ans d’expérience en matière de financements climatiques, marchés du carbone et financement de la conservation par des investissements à impact, ayant travaillé dans diverses institutions financières, fonds carbone et entreprises d’énergie renouvelable à Londres, Paris, Lugano, Rotterdam et Budapest.
Elle est économiste de l’environnement, Alumni de HEC Paris et CEMS, et a été conférencière invitée à plusieurs conférences internationales sur le climat et le financement de la conservation dans le monde.