Reconstruire avec la nature
Bien que les entreprises reconnaissent de plus en plus le rôle essentiel de la nature pour le bien-être et la santé des personnes, nous dépassons toujours sa capacité à fournir les services dont nous dépendons tous. L’Analyse finale Dasgupta a montré que nous devons veiller à ce que notre économie mondiale intègre la nature dans la prise de décision, puisque nos économies dépendent de la nature, et non l’inverse. Cependant, l’importance de la nature pour des chaînes d’approvisionnement résilientes n’est pas encore largement reconnue. Grâce à la campagne We Value Nature (Nous valorisons la nature), avec l’UICN et autres partenaires, nous avons développé un support de formation, disponible gratuitement, pour aider à éduquer les décideurs commerciaux sur les biens et services écosystémiques tels que l’approvisionnement en eau douce, la fertilité des sols, la pollinisation des cultures, la régulation des inondations et le maintien d’un climat stable, et la façon dont ceux-ci sont liés à leurs modèles commerciaux.
La pandémie de COVID-19 nous a montré à quel point les systèmes environnementaux et sociaux sont étroitement interconnectés. Il est aujourd’hui amplement démontré que la nature a joué un rôle clé dans l’émergence de la pandémie de COVID-19 et qu’aujourd’hui, elle joue également un rôle clé dans le rétablissement post-pandémique.
Les entreprises peuvent jouer un rôle essentiel dans l’accélération d’un rétablissement fondé sur la nature. Par exemple, notre rapport 2020 Cartographier les solutions basées sur la nature et les solutions climatiques naturelles clarifie le rôle vital de solutions basées sur la nature et de solutions climatiques naturelles de haute qualité, ainsi que leurs champs d’application respectifs, dans la réalisation des objectifs climatiques, environnementaux et de développement au sens large.
2021 : une année critique pour la nature
L’action fondée sur la nature figurera en tête des priorités internationales cette année. Des événements marquants tels que Congrès mondial de la nature de l’UICN sont une étape clé pour que les entreprises fassent preuve d’ambition et d’action. Le Sommet des chefs d’entreprise de l’UICN est une occasion parfaite pour les entreprises de s’engager dans un dialogue dynamique sur la façon d’accélérer leurs engagements envers la nature, et d’appeler les gouvernements à en faire de même. Juste après cet événement, les entreprises auront également l’occasion de participer au Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires, en septembre, ainsi qu’aux négociations de la CDP26 de la CCNUCC, en novembre, qui mobilisera les pays pour faire face aux risques interdépendants des changements climatiques et de la perte de nature. Cela affectera l’essence même de la coopération internationale.
Toutes les parties prenantes doivent être présentes à la table des négociations afin de garantir l’adoption d’un cadre mondial ambitieux pour la biodiversité pour l’après 2020. Le Cadre mondial pour la biodiversité pour l’après-2020 de la CDB, qui sera adopté en octobre, constituera un élément essentiel pour promouvoir et renforcer les actions entreprises dans le cadre de ces programmes. Après avoir échoué à atteindre les Objectifs d’Aichi pour la biodiversité, les dirigeants doivent convenir d’un Cadre mondial pour la biodiversité ambitieux pour l’après 2020 afin de lutter contre la perte de biodiversité et de nature, qui, à son tour, guidera l’action du secteur privé, essentielle à sa réalisation. En collaboration avec des leaders scientifiques, de la conservation et des entreprises, le WBCSD a soutenu le lancement d’un Objectif mondial pour la nature comprenant trois cibles mesurables : aucune perte nette de nature à partir de 2020, un impact net positif d’ici 2030 et un rétablissement complet d’ici 2050. Ce travail fixe des objectifs et des ambitions clairs, qui permettront de savoir vers où nous devons aller.
Tout au long des événements marquants de 2021, qui détermineront notre trajectoire en ce qui concerne le rétablissement de la nature, il est essentiel que nous mobilisions les entreprises et que nous les impliquions dans une trajectoire positive pour la nature, qui mobilisera les 2,7 billions de dollars US d’investissements requis chaque année jusqu’en 2030, et créera près de 400 millions d’emplois.
Le projet Action Nature du WBCSD rassemble des leaders et des membres ambitieux pour avancer ensemble sur le chemin vers une nature positive. Nous élaborerons des récits clairs et des feuilles de route pour différents secteurs, afin d’inciter les autres à nous suivre rapidement dans cette voie.
L’argument commercial est clair pour contribuer à une économie équitable, sans perte nette et positive. Pourtant, seule une collaboration à des niveaux sans précédent générera l’impact et la rapidité nécessaires. Restaurer la nature et notre climat exigera un effort concerté de notre part à tous, mais cet effort sera récompensé par une planète saine, heureuse et prospère, qui pourra pourvoir aux besoins de 9 milliards de personnes. Quelles mesures pouvez-vous prendre pour aider les entreprises présentes dans vos paysages à concrétiser ces objectifs ?
A propos de l'auteur
Nadine McCormick a récemment rejoint le Conseil mondial des entreprises pour le développement durable (WBCSD) en tant que responsable du projet Action Nature. Avant cela, elle a travaillé plus de 15 ans à l’UICN, notamment pour le Programme mondial Entreprises et biodiversité, où elle était responsable de la mobilisation des connaissances et des expériences en vue d’intensifier l’engagement de la communauté de la conservation auprès des entreprises. Avec plus de quinze ans d’expérience dans le secteur privé et à but non lucratif, Nadine apporte une énergie positive et une réflexion stratégique afin de catalyser le dialogue et concevoir des processus de changement efficaces aux niveaux individuel, organisationnel et sectoriel. Elle a impliqué plus de 30 entreprises sur quatre continents et soutenu plus de 150 professionnels de la conservation dans leurs stratégies visant à influencer le secteur privé. Nadine est britannique et possède une maîtrise en environnement et développement de l’Université d’Édimbourg et une licence en gestion internationale et en français de l’Université de Bath, en plus d’être facilitatrice de processus certifiée.